La folie des « musées Instagram »

musée instagram

Les musées sont des lieux instagramables ! En témoigne le compte Instagram Girls In Museums qui invite tous les instagrameurs à partager leurs selfies pris dans des musées. Cette galerie des portraits comptabilise près de 20 000 abonnés à ce jour. Tout comme l’initiative #MuseumSelfieDay lancée par les musées en 2014 (déjà !).

Pourquoi partageons-nous nos selfies de musées sur instagram ?

Pour comprendre cela, il faut comprendre la psychologie des réseaux sociaux. Ces plateformes communautaires comme Facebook et Instagram permettent une mise en scène de notre personnalité. 

« Par le choix des photos de profil, des goûts affichés, des groupes auxquels on appartient, nous nous mettons en scène, essayons de véhiculer une image de nous glorifie » explique Michael Stora, psychanalyste et spécialiste du virtuel.

Instagram pourrait aussi combler certaines failles d’estime narcissique, ou un petit manque d’estime de soi. 

Il est facile alors de comprendre pourquoi les musées peuvent devenir de véritables temples de la vanité. Rappelons pour cela la définition de “vanité” : Satisfaction de soi-même, sentiment d’orgueil. 

Qui n’est pas satisfait d’être allé au musée plutôt que d’avoir passé une énième soirée sur Netflix ? Qui n’a pas envie de montrer au monde qu’il visite des lieux incroyables et qu’il est cultivé ? 

C’est en ça que le musée permet d’assouvir, selon moi, un certain besoin narcissique. Et je tiens à préciser que ce n’est pas une critique, ni pour le musée, ni pour la personne se prenant en selfie. 

Ayant compris cette tendance, certains entrepreneurs ont littéralement ouvert des musées à selfie ! Nous sommes là bien loin d’un musée avec des collections, un conservateur et des restaurations… Ces “musées” sont dédiés à l’image en créant un environnement immersif propice au selfie. 

Cette tendance de l’ “expotainement” (contraction d’exposition et entertainment), se propage à grande vitesse dans le monde ! Dont voici la liste des plus connus. 

Les nouveaux “musées” dédiés au selfie

Arrivés tous droit des Etats-Unis, les musées à selfie poussent comme des champignons un peu partout dans le monde. Illusions d’optique, mises en scène déjantées, univers magiques… l’esprit de ces lieux de culture populaire est bon enfant. Ils existent avec pour unique objectif : amuser la galerie et vendre des billets d’entrée. Plus parc d’attractions qu’espace de savoir, faisons un tour de ces lieux !

The museum of selfies 

A Los-Angeles, ce « musée », est célèbre pour sa piscine de boules émojis. Parmi les activités les mieux notées de la ville, comptez un ticket d’entrée entre 20 et 25$.

Museum of sweets and selfies

A Budapest, le musée des sucreries et des selfies possède deux antennes. Le prix d’entrée de ce parc acidulé est de 10€.

Museum of ice cream 

Situé à New-York et San Francisco, le musée de la crème glacée ne retrace pas l’histoire de la glace. Non, non. Ce succès phénoménal où les stars se pressent (Beyoncé, Kim Kardashian, David Beckham…) propose aux visiteurs un environnement où laisser aller son imagination, mais surtout où prendre un maximum de photos !

Sa jeune fondatrice (25 ans à l’époque), Maryellis Bunn revendique clairement vouloir en faire le nouveau Disney ! Avec un certain coût pour pouvoir y accéder, car le ticket d’entrée est à 38$ !

Museum of Illusions

A Doha, ce musée Qatar revendique également clairement son ADN divertissement, mais avec un souci d’éducation peut-être plus poussé qu’ailleurs. Transgénérationnel, le parcours offre de magnifiques espaces à selfie, mais revient aussi sur le concept de l’illusion de manière pédagogique.

Colorama

Colorama a été le premier musée éphémère dédié au monde des réseaux sociaux et du selfie en Europe. Installé en 2018 à Barcelone, ce fût un réel succès !

TeamLab 

A Tokyo, Shanghai, Singapore…  Ce collectif d’art international met l’art numérique au service de notre divertissement, plus le plus grand plaisir de nos feed Instagram. L’objectif de ce collectif : créer un musée international sans frontière et faire vivre des expériences extraordinaires à ses visiteurs. A Tokyo, nous plongeons ainsi dans 10 000 mètres carrés d’imaginaire en 3 dimensions. Une ballade fantastique qui a un coût : 26€ à peu près.

L’atelier des lumières

En France, après l’initiative se rapprochant le plus de l’engouement expotainment serait l’Atelier des lumières. Revendiquant également une expérience immersive pour explorer des univers sans limite et plonger au coeur de l’art. Un véritable succès commercial puisque, pour sa première année d’ouverture, l’Atelier a accueilli plus d’un million de visiteurs, avec un prix d’entrée entre 10€ et 15€. Je vous laisse faire le calcul !

Qu’en est-il des “vrais” artistes et “vrais” musées  ?

Tous ces lieux culturels et populaires ont été créés pour le divertissement, mais aussi pour explorer les nouvelles technologies audio-visuelles sous le prisme de l’art. Dans cette course à l’expérientiel et à l’instagramable, les musées et les artistes se prêtent également au jeu depuis un bon moment. De plus en plus soumis à une compétition inter-muséale et à la chasse aux financements privés, les musées se soucient de l’image qu’ils véhiculent et veulent aussi vendre plus de billets ! Dans le même esprit, il est possible que les artistes contemporains, pour obtenir notoriété, réalisent des oeuvres de plus en plus monumentales et donc instagramables. De véritables invitations aux selfies.

Les artistes instagramables

Yayoi Kusama

Les « Infinity mirror room » de Yayoï Kusama inondent Instagram. Impossible d’y passer sans faire un petit auto-portrait photographique.

Chris Burden 

Jeff Koons

Les expositions bloc buster

Les musées sont aussi des espaces désormais très médiatisés, conçus par des architectes vedettes et dirigés par des patrons stars, rivalisant d’ingéniosité – y compris sur les réseaux sociaux – pour atteindre la meilleure fréquentation. Choix d’artistes majeurs ou de thèmes alléchants, recours à des décorateurs et designers reconnus – voire à des metteurs en scène d’opéra. Les expositions temporaires sont de véritables outils de communication !

Exposition Not afraid of LOVE à la Monnaie de Paris

Conclusion : une tendance critiquée mais qui va se généraliser ?

Certains ne voient pas les musées instagramables d’un très bon oeil. L’historien de l’art Pascal Griener espère très clairement que leur prolifération s’arrêtera rapidement :

“Les États-Unis ont été le lieu d’expérimentations originales dans le milieu des musées. Mais le meilleur côtoie le pire. Là, on est clairement dans le pire”

Catherine Grenier critique elle les expositions bloc buster dans le livre « La fin des musées » en y voyant une terrible uniformisation de l’offre ainsi qu’une course à la billetterie qui fragilise l’équilibre des musées.

Moi, j’imagine un futur où toutes les expositions temporaires seront pensées avec un espace dédié aux selfies. Un moyen de communiquer de manière virale sur les réseaux pour l’institution culturelle, et un souvenir sympa à partager pour le public. Cela n’empêchera pas la qualité scientifique et pédagogique de l’ensemble !

Et vous, plutôt pour un selfie corner dans tous les musées ou contre ? Donnez-moi votre opinion en commentaire et nous pourrons en débattre 🙂

Si le sujet des réseaux sociaux des musées vous intéresse, vous apprécierez alors mon article sur les influenceurs de l'art. Le plus lu du blog !

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Par Audrey Mari

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